Auteur,
scénariste, dialoguiste, dramaturge, écrivain et philosophe italien.
« Il y a quelque chose de nouveau et de vital dans cet écrivain. » James Joyce.
Biographie :
Philosophe, dramaturge, narrateur, metteur en scène,
Luigi Pirandello a suscité autant de passions qu’il a soulevé de critiques sur
son oeuvre dont une partie n’échappe pas à la narration autobiographique. Les
thèmes reviendront, tel un manège lancinant, tout au long de sa vie.
“Impossibilité de connaître autrui, dédoublement de la personnalité, vérité de
la folie, impermanence de l’oeuvre, authenticité de l’être, telles sont les
obsessions qui hanteront le “Maître”.
F.V. Nardelli dira de lui : “S’il est une histoire
d’homme liée à une vérité d’écrivain, Pirandello est un exemple d’unité. Sa vie
secrète est la clé de son art”. C’est bien dans cette vie intensément
secrète qu’il va puiser son génie et faire souffler son influence bien au-delà
de l’Italie mais aussi dans cet autre volet d’inspiration que constitue la “sicilianité”
dont il dénoncera les moeurs absurdes tout en restant très attaché au
“Terroir”.
Luigi Pirandello naît en 1867 à Agrigente (Girgenti)
en Sicile, d’un père (Don Stefano) de tradition “garibaldienne”, autoritaire et
violent et d’une mère (Caterina Ricci Gramitto) douce et conciliante qui ne parviendra jamais à
éviter les relations difficiles à son fils, alors adolescent, lequel subira
longtemps les colères terribles de son père. Ce que l’on a coutume d’appeler le
“Pirandellisme”, c’est cette immense solitude humaine qui s’est forgée à
l’expérience de la vie familiale, aux incompréhensions et aux trahisons.
Après des études au lycée de Palerme, il revient à
Agrigente pour s’occuper quelques temps, auprès de son père, de la direction
d’une mine de soufre. Cette activité ne convient pas du tout à son âme de
poète. Fermement décidé à suivre une voie littéraire, Luigi Pirandello
s’inscrit d’abord à l’université de Palerme en 1889 où il publie parallèlement
un premier recueil de vers intitulé “Mal joyeux”, puis il s’inscrit à
l’université de Rome qu’il quitte peu après à la suite d’un différent avec le
président de l’université, le latiniste Onorato Occiano, et s’inscrit à la
faculté de Bonn (Allemagne) en 1891 pour y soutenir brillamment une thèse de philosophie.
Enfin, en 1892 il enseigne la littérature à l’université de Rome.
Pendant ce temps, Don Stefano, son père a organisé
pour lui son avenir familial en lui faisant épouser, en 1894, Maria-Antonietta
Portulano, une riche cousine qui est la fille de son associé dans la mine de
soufre. A la clé de ce mariage, une dot importante que son père investit dans
l’usine afin de la moderniser. De ce mariage naîtront 3 enfants: Stefano
(1895), Lietta (1897) et Fausto (1899).
Le jeune couple s’installe aussitôt à Rome vivant
principalement de l’argent que lui envoie son père sur la dot de sa femme. Le
creuset littéraire de la capitale le passionne et il se lie d’amitié avec le
conteur Luigi Capuana qui le pousse vers la narration. Il a déjà publié un
recueil de poèmes intitulé “Elegie renane” en 1895 et sans abandonner la
poésie, il publie ses premières nouvelles et son premier roman (L’exclue) en
1901. Il entame aussi une série de nouvelles dites «siciliennes» qui seront
contenues dans 15 volumes au total.
Pirandello va vivre son premier drame en 1903. La dot
de sa femme investie par son père dans l’usine de soufre est anéantie à la
suite de mauvaises affaires. Non seulement, ils sont tous deux ruinés mais
encore sa femme, d’abord frappée de parésie, va lentement sombrer dans une
altération mentale dont elle ne se remettra plus et, qu’avec son fils Stefano,
ils feront interner en 1918 dans une maison de santé en raison d’accès de folie
de plus en plus violents. Ce drame de la folie de sa femme ne sera pas sans influence
à la fois sur l’homme et sur l’œuvre.
Le dramaturge n’a jamais cessé de sonder, d’explorer
la pensée et l’action humaines. En 1904, il donne aux lecteurs, sous forme de
feuilleton, “Feu Mathias Pascal” qui est un grand succès annonçant le thème de
la relativité psychologique qu’il développera dans son livre “Un, personne… cent
mille” en 1925.
Toujours à la recherche d’une expérience, Pirandello
débute à 57 ans une activité de metteur en scène au Théâtre Valle de Rome et
présente sa pièce “Six personnages en quête d’auteur” qui sera un échec dans la
capitale mais un triomphe à Milan. Pirandello est-il un «fou» où un «génie» de
la poésie? Lui n’en a cure car il est désormais confronté à l’impermanence de
l’oeuvre de l’auteur.
L’homme, demeure un solitaire dans sa vie
quotidienne. Cependant, en 1923 va se produire une rencontre qui va, non pas
bouleverser mais amplifier son obsession de la solitude. A travers un article
du critique théâtral Marco Praga, il va s’enflammer pour une jeune comédienne du
nom de Marta Abba qu’il fait aussitôt engager dans sa troupe du théâtre de
Rome. Cet amour platonique va lui inspirer quelques unes de ses plus belles
oeuvres dont “Troversi” que Marta Abba, un moment fascinée par le monde
“pirandellien”, mettra merveilleusement en valeur, jusqu’en 1928 où
semble-t-il, elle décide de se tourner vers d’autres auteurs.
On sent Pirandello dépité dans sa correspondance à
Marta. Il prétexte alors un conflit spirituel avec le régime fasciste auquel il
avait adhéré un moment pour s’exiler volontairement hors d’Italie avec sa
compagnie, d’abord en Allemagne où il restera 2 ans puis à Paris où il vivra un
an. Durant toutes ses années il correspondra par écrit avec Marta. 560 lettres
dans lesquelles il appelle la jeune femme “Marta mia” et où elle le nomme
“Maestro”. Mais la belle Marta se détourne;
elle ne sortira plus jamais de son esprit.
Le couronnement d’une carrière grandiose arrivera en
1934 où le Prix Nobel de littérature lui est décerné. Mais il ressent le goût
amer de la solitude, celle du succès qui arrive un peu tard et qu’il met en
scène dans “Quand on est quelqu’un” évoquant une nouvelle fois, sur le ton de
l’autobiographie, “celui” que l’opinion publique a fabriqué et qui fait douter
de sa « propre » authenticité.
C’est en 1913 que Pirandello s’intéresse
passionnément au cinéma. En 1915, il publie «On tourne» un roman sur le monde
nouveau du cinéma, mais lorsque l’on parle du «cinéma de Pirandello», il faut
entendre, là, l’œuvre écrite originale de l’auteur portée à l’écran par les
réalisateurs. Une quinzaine de films, dont deux en français, seront tirés de
son œuvre littéraire et notamment de ses «nouvelles» qui seront adaptées de
nombreuses fois, à plusieurs époques différentes, y compris par les télévisions
du monde entier.
Travaillant sans relâche Luigi Pirandello mourra le
10 décembre 1936 d’une pneumonie contractée à Cinecittà pendant les prises de
vues cinématographiques d’une adaptation de «Feu Mathias Pascal». Par testament
rédigé 20 ans plus tôt, il avait souhaité des funérailles discrètes avec le
corbillard des pauvres. Ses cendres, enfermées dans une urne mortuaire ont été
scellées dans le mur de la maison de campagne que ses parents avaient racheté
suite à la faillite de son père et qu’il avait lui-même surnommée: « La
maison du chao ». Les autorités italiennes attendront 10 ans avant de
réaliser les dernières volontés du « Maître ».
Filmographie des oeuvres de l’auteur :
1924 – Il fu Mattia Pascal de Marcel L’Herbier avec Marcelle Pradot
1926 – Henri IV
1932 – As You Desire Me (Come tu mi vuoi - Comme tu me veux) de George Fitzmaurice avec Greta Garbo
1937 – Méfie toi, Giacomino! (Pensacri Giacomino!) de Gennaro Righelli avec Angelo Musco
1981 – Il turno de Tonino Cervi avec Vittorio Gassman
1984 – Kaos de Vittorio et Paolo Taviani
avec Omero Antonutti (d’après 4 nouvelles siciliennes de Pirandello: L'altro
figlio, Mal di luna, La giara et Epilogo,)
En qualité
de dialoguiste, adaptateur, scénariste :
1920 – Il
crollo (C’était pour rire!) de Mario Gargiulio avec Albert-Francis
Bertoni
1926 – Por fin
se casa Zamora de José Fernández Caireles et Pepín Fernández avec
Francisco Climent
1937 – Il fu Mattia Pascal (Feu Mathias Pascal ou L’homme de nulle part) de Pierre Chenal avec Pierre Blanchar
© Louis AUBERT pour Les Gens du Cinéma (mise à jour 23/11/2006)